Lors de la seconde guerre mondiale, les carrières souterraines de Fongrenon à La Tour-Blanche furent les gardiennes du joyau minéral de Chartres durant toute la durée de la guerre.
1. Mesures conservatoires.
Pour conter cette histoire, nous devons remonter à la première guerre mondiale.
La Grande Guerre fut terrible, meurtrière et destructrice. A cette période, de nombreux monuments furent bombardés et certains furent une cible privilégiée des troupes allemandes. Ce fut le cas de la cathédrale de Reims symbole français aux yeux de l’ennemi. Il fallait donc que cet étendard français soit détruit, à tout prix. La cathédrale « martyre » fut bombardée (280 fois !), incendiée…
Aussi, pour que ces terribles faits de guerre ne s’abattent pas à Chartres, le ministère délégué aux Beaux-Arts va déployer des mesures conservatoires dans le cadre de la défense passive.
A Chartres, ces mesures conservatoires vont se traduire par des travaux préparatoires à la dépose des vitraux en 1937 et 1938. En parallèle, 1060 caisses en bois avec des panneaux isolants et de la poudre de liège sont fabriquées et stockées dans la crypte attendant de recevoir le précieux trésor.
Quelques jours avant la déclaration de la guerre, le ministère demanda à l’architecte en chef des Monuments Historiques Jean Trouvelot de diriger entre le 26 août et le 6 septembre 1939 sans interruption de jour comme de nuit la dépose intégrale de 3000m² de verrière. Toutes les caisses ont été numérotées et entreposées dans la crypte du chœur et la crypte sud de la nef.
2. Evacuation des vitraux en Périgord.
En juin 1940, les troupes allemandes arrivant aux portes de Paris, les services des Monuments Historiques en accord avec le préfet d’Eure-et-Loir, Jean Moulin, décident alors de mettre en sécurité les vitraux.
Le transfert des vitraux débuta avec un premier chargement de 539 caisses transportées sur 15 camions vers la gare de Berchères-les-Pierres car celle de Chartres devenait une cible potentielle d’attaques ennemies. Deux trains partirent séparément sous la garde de 2 surveillants par convoi. Les trains arrivèrent 3 jours plus tard à La Tour-Blanche. Malgré l’intervention du préfet Jean Moulin, le second et dernier chargement n’aura jamais lieu. La rapide avancée allemande rendait l’opération dangereuse et l’autre moitié des vitraux resta dans les cryptes de la cathédrale durant la guerre. Quant à la gare de Berchères-les-pierres, elle fut bombardée 4 jours après le départ des 2 trains qui transportaient les 539 caisses de vitraux.
Les précieux vitraux arrivés à La Tour-Blanche sont chargés sur des charrettes attelées à des bœufs et des vaches et acheminés jusqu’au fond des carrières, à 300 mètres du jour. Ce sont les carriers de Fongrenon supervisés par le gérant des carrières Alexis Moreau qui transportèrent les vitraux depuis la gare.
Les caisses sont disposées dans 5 salles et ne devaient en aucun cas être superposées du fait de leur poids (150 kg par caisse). Elles étaient rangées au sol posées sur des tasseaux dans une température ambiante constante de 13°C. Une haute porte à 2 vantaux condamnait l’accès aux salles terminales.