Avant 1650, ce domaine appartenait à la famille de Solminhac, puis de 1650 à 1882 plusieurs générations de la famille de Labastide s’y sont succédé. Adrien de La Bastide achète donc ce domaine aux Solminihac qui le démembrent de leur seigneurie de Belet. Les La Bastide sont connus au XVIe siècle à Grignols, où ils prennent alliance dans la petite noblesse ou la bourgeoisie. Les La Bastide se transforment en de La Bastide à la fin du XVIIe siècle et, à cette époque, ont aussi pignon sur rue à Périgueux. Parmi les enfants d’Adrien, Michel est chanoine de la cathédrale Saint Front à 22 ans, deux filles sont religieuses, Pierre est conseiller au présidial avant d’être reçu en 1731 dans les gendarmes de la garde du roi. Il y sert pendant 19 ans. Son fils Pierre-Valentin rentre également à 14 ans dans la maison du roi. Il consacre ainsi la réussite des « Bastide », forgée successivement par 6 générations avant lui. Pierre-Valentin vote en 1789 dans la noblesse du Périgord. Marié à Jeanne Cluzel de la Beychénie, il a Marie-Antoinette (supérieure des visitandines à Périgueux en 1789, elle mourra en prison), Marie Thérèse (clarisse), Marie-Rose (mariée à Alexis de Salleton, maire de Périgueux) et enfin Pierre Georges qui émigre en 1789. Son fils, Pierre-Louis Joachim, resté en Allemagne, décède en 1856 à Bulach. Sa mère Anne-Marie, née Vigneras, vit et réside encore aux Chaulnes dont elle avait fait donation à Pierre-Louis en 1850. Cependant, celui-ci a plus ou moins dilapidé le domaine, qui est démembré et mis en vente par l’oncle des enfants de Pierre-Louis. Seule la chartreuse reste dans la famille jusqu’en 1882. Entre 1876 et 1882, Pierre Edouard Faure, alors maître de poste à Pont-Saint-Mamet, acquiert la totalité du domaine.
Commence alors une nouvelle ère pour ce domaine. Jusqu’en 1939, Les Chaulnes restent dans la famille Faure. Le petit-fils Paul en est le plus illustre représentant. Il est avocat, maire de Grignols, secrétaire général de la SFIO, ministre sous la IVe République dans les cabinets Blum et Chautemps. Cependant, en 1940, ayant accepté de siéger dans le Conseil national de l’Etat français sous Pétain, il tombe en disgrâce et est exclu du parti socialiste en 1944. Mort en 1960, il est inhumé à Douville dans l’anonymat.
De 1939 à 1984, le domaine a subi une lente et profonde dégradation. D’abord, dans l’immédiat après-guerre en raison d’une surexploitation des terres et d’un manque d’entretien voire de dégradation des bâtiments. Dans les années 1950, on a détruit un magnifique portail vouté qui marquait l’entrée dans le quadrilatère. Puis à partir des années 1960, faute d’exploitation par deux demoiselles, âgées, seules et miséreuses, les 160 ha sont tombés pratiquement en friche.