Dix-neuf communes furent en faveur de la déclaration d’utilité publique : dix sans restriction – dont La Chapelle-Gonaguet –, huit demandaient une modification du tracé et une demandait que la déclaration d’utilité publique soit prononcée en même temps pour la ligne Nontron-Périgueux.
La décision concernant l’utilité publique fut adoptée à l’unanimité par la commission : « L’utilité publique du chemin de fer de Périgueux à Ribérac, déjà déclarée implicitement en 1873 alors que le même chemin portait une autre dénomination, est incontestable. Il importe que la concession en soit assurée le plus promptement possible. »
En ce qui concerne le tracé de la voie, les discussions furent serrées, le texte définitif fut adopté par seulement six voix contre quatre et une abstention : « la commission émet l’avis que le tracé de l’avant-projet suive la vallée de la Dronne, avec cette explication qu’en aucun cas le cours de la rivière soit remonté au-delà de Lisle. Elle émet un vœu pour l’exécution la plus prompte possible des travaux nécessaires à l’établissement de la ligne. »
Après que la compagnie d’Orléans ait soumis un nouvel avant-projet avec le tracé demandé par la commission d’enquête, la ligne fut déclarée d’utilité publique au titre d’intérêt général par une loi du 31 décembre 1875 promulguée au Journal officiel du 12 janvier 1876 3.
Une nouvelle enquête publique eut lieu pendant huit jours à compter du 12 août 1877 pour donner un avis sur le nombre et l’emplacement des stations à établir sur la ligne 4. La nouvelle commission d’enquête comprenait M. Maréchal, membre du conseil général, Liébeaux, ingénieur des Ponts et Chaussées, Me Duchazaud, notaire à Mensignac, le maire de Lisle, l’adjoint de Mensignac et deux propriétaires, Léonce de Fourtou de Lisle et le docteur Seguy de La Chapelle-Gonaguet.
Etaient prévues au projet : des stations à Ribérac, Saint-Méard-de-Drône, Tocane Saint-Apre, Lisle, et Vaure-Mensignac ainsi qu’une halte à Siorac, commune d’Annesse-et-Beaulieu, en fait au lieu-dit Pracouyer.
Dans sa délibération du 15 août 1877, le conseil municipal de La Chapelle-Gonaguet émit « le vœu de voir établir la station projetée dite de Pracouyer à laquelle on aboutirait par le chemin vicinal n°2, observant que la station également projetée par Vaure de Mensignac, quoique avantageuse pour les communes et les villages vers Lisle, n’offrirait pas les mêmes avantages à la majorité des habitants de La Chapelle-Gonaguet qu’elle ferait au contraire rétrograder au lieu de la rapprocher de Périgueux où sont toutes ses relations. »
Cet avis ne fut pas retenu par la commission qui approuva le projet de la Compagnie d’Orléans. Mais, sur la demande du docteur Seguy, elle proposa que « vu l’importance relative du village de La Chapelle, la station projetée soit désignée sous le nom de La Chapelle-Mensignac au lieu de Vaure-Mensignac. »
La loi n°8252 du 31 juillet 1879 5, promulguée au Journal officiel du 1er août, autorisa le ministre des Travaux publics à entreprendre les travaux de superstructures de différents chemins de fer, dont Montmoreau à Périgueux.
Son fonctionnement
La ligne fut mise en service le 19 décembre 1881 et inaugurée en grande pompe par M. Lesguillier 6, sous-secrétaire d’Etat au ministère des Travaux publics, en présence, notamment, de nombreux ingénieurs et inspecteurs de la Compagnie d’Orléans, du général Villemot, commandant la Division de Périgueux, de M. Roman, ingénieur en chef, et M. Liébeaux sous la direction desquels les travaux ont été terminés. Un grand banquet réunit à Ribérac le préfet, les sous-préfets, tous les fonctionnaires, les ingénieurs et les entrepreneurs.
La ligne fut cédée par l’Etat à la compagnie des chemins de fer de Paris-Orléans par une convention signée le 28 juin 1883 et approuvée par la loi n°14217 du 20 novembre 1883, promulguée au Journal officiel du 21 novembre 7.
De nombreux ouvrages d’art furent construits sur la ligne : un tunnel à Picandine (commune de Lisle) et un à Beaulieu, juste après la halte, long de 650 mètres ; des passages à niveau : il y en avait trois sur la commune de La Chapelle-Gonaguet, les Genêts, le Lac Pezal et Pierre Dure en bas du village des Reyssoux ; des passages sous la voie de chemin de fer pour le maintien des communications comme le pont de la Perliche au bas du village des Reyssoux et de nombreux aqueducs voûtés et ponceaux sous la voie pour permettre l’écoulement des eaux. Le tracé de la ligne se voit encore bien aujourd’hui à certains endroits et certains ponceaux sont toujours accessibles comme celui situé entre la barrière de Pierre Dure et celle du Lac Pezal, qui était située sur le chemin descendant de Puy Auriol.