Centre Sainte-Croix à Monestier

 (Verbatim de la présentation faite par le père Philippe Dautais aux participants de la sortie SHAP en bergeracois le 24 mai 2019) Texte validé par le père Ph. Dautais.

Une ancienne église a été restaurée et mise au service de l’Eglise orthodoxe roumaine. La paroisse compte une soixantaine de personnes. Le père Philippe Dautais nous présente le monument et ses fresques.

Adjacent à l’église se trouve le Centre Sainte-Croix, un lieu d’accueil pour des retraites et des séminaires, une trentaine par an. Les 1200 personnes des diverses confessions chrétiennes qui viennent chaque année y suivent aussi les offices réguliers.

L’église est restée en ruine pendant deux siècles, la communauté est arrivée en 1982 et a découvert un lieu sans toit, envahi par la végétation, où les arbres avaient poussé au milieu d’un amoncellement de gravats. Une crypte en béton du XIXème siècle avait été creusée pour enterrer les membres de la famille de Lassalle. Le bâtiment, patrimoine local, reste la propriété de la commune mais a été loué à la communauté orthodoxe en 1994 par un bail emphytéotique de 99 ans grâce à l’intervention de l’Abbé Costisella et de M. Michel Bourgeois. La restauration a duré quatre années de 1995 à 1999. Bien que cette église ne bénéficie d’aucune protection au titre des Monuments Historiques, le service départemental des Monuments Historiques a été consulté avant sa restauration, mais il aurait fallu suivre un cahier des charges très strict et employer uniquement des artisans agréés. Ces derniers présentaient des devis de travaux bien au-dessus des capacités financières de l’association orthodoxe. Cette restauration a donc été réalisée sous forme de chantier-école par les Compagnons du Tour de France de Périgueux et de Bordeaux, qui formaient des ouvriers envoyés par Pôle Emploi à la taille de la pierre et à la conduite d’engins. Cette petite église se compose d’une abside en hémicycle précédée d’une travée presque carrée, le tout en beau calcaire de la fin du XIIème siècle, l’ensemble est précédé d’une nef unique rebâtie dans un gothique tardif au XVIème. La nef a reçu un berceau continu et surbaissé, la restauration ayant été étudiée par l’architecte à partir des piliers restants ; une voûte a été reconstituée avec des arcs plein cintre prenant appui sur les piliers ; le plafond est porté par ces arcs, mais n’est pas relié à la toiture, réalisée en charpente, ceci afin de ne pas détériorer les peintures en cas de déformation du toit. L’église a été peinte par un iconographe russe, Iaroslav Dobrynine et par son épouse. Ils sont venus à deux reprises pendant trois mois pour y peindre toutes les « fresques » ; comme nous l’a précisé le père Dautais, il ne s’agit pas de fresques sur mortier mais de peintures sur plâtre. Un templum moderne en pierre délimite le sanctuaire, tout en le laissant visible par les fidèles (à la différence d’une iconostase, fermée, qui elle masquerait le sanctuaire) : ce templum a été réalisé à partir d’un modèle qui est exposé au musée d’Athènes. Pendant les dix premiers siècles de notre ère, toutes les églises, catholiques ou orthodoxes, comportaient un templum. Le prêtre officie dos aux fidèles, il est coliturge, président d’une assemblée, donc sans fidèle le prêtre ne peut pas célébrer de messe. Le prêtre n’est pas l’interlocuteur des fidèles, il est avec eux pour se tourner vers Dieu. Liturgie veut dire œuvre en commun, le Christ en est le centre , et non pas le prêtre. Il faut savoir que l’iconostase est apparue au IXème siècle après une période mouvementée au VIIIème où l’on a brûlé les icones. Entre l’église catholique et l’église orthodoxe il y a un millénaire en commun : cela veut dire que nous avons tout en commun, les fondements bibliques, la même hiérarchie, la même organisation de l’église, les mêmes sacrements et la même vénération de Marie. Ensuite au 2ème millénaire il y a eu des différences et éloignement des églises d’Orient et d’Occident. Mais le pape Jean Paul II considérait que les églises orthodoxes et catholiques étaient les deux poumons de l’Eglise. Le sanctuaire représente le ciel, la nef : la terre ; de même le carré est le symbole de la terre et le cercle (coupole) celui du ciel, il y a toujours un passage de l’un à l’autre.

Maintenant, il nous faut aborder les peintures, faites dans la tradition orthodoxe : les artistes, juchés sur un échafaudage, avec un plan incliné, ont peint à main levée. Il faut remarquer la qualité du dessin des personnages, sept couches de peinture ont été nécessaires pour réaliser chaque visage  . Sur le templum figurent deux paons faisant la roue et symbolisant des chérubins, anges célestes qui gardent la porte du jardin d’Eden. Au centre, Marie porte Jésus, ils nous accueillent, de chaque côté les saints protecteurs ; à gauche nous avons Saint Nectaire XXème siècle qui porte l’église et Sainte Foy avec la palme du martyr, à droite Saint Spyridon (qui au IVème siècle a expliqué lors du 1er Concile œcuménique aux participants « la Trinité » en prenant comme exemple la terre l’eau et le feu) , puis Saint Silouane moine athonite et apôtre de la miséricorde, il a vécu à la même période que Sainte Thérèse de Lisieux, tous deux ont prononcé la même phrase : « Tous les péchés du monde ne sont que comme une goutte d’eau dans le brasier de l’amour de Dieu » C’est l’esprit d’ici : l’amour couvre tout. Dans le plafond nous avons le Christ Pantocrator, vrai Dieu et vrai Homme, placé dans un cercle, lui-même inclus dans un carré, avec les quatre évangélistes aux quatre coins les quatre « vivants » (taureau : Saint Luc, lion : Saint Marc, aigle : Mathieu et visage d’homme : Saint Jean)). Dans la nef, les peintures sont un véritable enseignement pour les catéchumènes, elles représentent huit des douze fêtes :

1 -L’Annonciation

2 –La Nativité : Marie ne s’occupe pas de son bébé, elle ne le regarde même pas. Elle médite les choses : le mystère immense de l’Incarnation du Verbe, de Dieu fait Homme et les garde dans son cœur. On voit également Joseph avec une auréole, les bergers et les mages, puis les anges que l’on devine à peine car ils sont peints bleu sur bleu.

3- Présentation au temple

4 – Baptême du Christ. Quand Jésus est plongé dans le Jourdain, celui-ci retourne en arrière vers sa source. Le sens profond du baptême est de nous permettre d’aller dans la vraie vie au lieu d’aller vers la mort. Vous avez trois anges qui rappellent les trois tentations du Christ qui fut emmené par le Saint Esprit dans le désert pour être tenté par le diable.

5- La Transfiguration avec Pierre, Jacques, Jean ainsi qu’Elie et Moïse.

6- l’entrée de Jésus à Jérusalem : Fête des Rameaux

L’icône de la Résurrection de Lazare n’est pas présente

7 – Crucifixion de Jésus. Le Christ n’est pas pendu sur la croix, il est dans l’offrande de lui-même, il n’est pas victime mais vainqueur. La croix est le lieu de passage. Comment se transformer de l’état de victime en vainqueur, en choisissant l’épreuve que l’on traverse. Le Christ a vaincu la mort : il est vivant. Chez les orthodoxes, le vendredi soir, le Christ est mis au tombeau, dès que la pierre est roulée, le Christ est vivant, il descend aux enfers, lieu des défunts, il brise les verrous de l’enfer et tire Adam et Eve. Vous voyez également David, Salomon, Daniel, Jean-Baptiste, Sarah face à Abraham, Moïse, Abel et les Patriarches.

8 – Quarante jours plus tard, l’Assomption : vous avez les trois mouvements issus de la victoire du Christ sur la croix :

  1. La résurrection, avec la victoire de la vie sur la mort
  2. L’assomption du corps humain au ciel
  3. La Pentecôte avec les flammes du Saint Esprit

A l’extérieur, le portail est de style flamboyant, très simple : il comporte quatre voussures en arc brisé, sans chapiteau, on y voit un fleuron central, ses deux pinacles latéraux jusqu’à un bandeau puis le mur avec ses deux cloches.

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